ANNONCE

L’artiste Lee Ufan va créer à Arles une Fondation d’Art Contemporain  | Tadao Ando, architecte.

Janvier 2018

Après la fondation Luma de Maja Hoffmann et la fondation Manuel Rivera-Ortiz pour la photographie documentaire, l’artiste coréen Lee Ufan va ouvrir dans le centre historique d’Arles une nouvelle fondation dédiée à l’art contemporain. Elle s’installera près des arènes et devrait être réaménagée par le grand architecte japonais Tadao Ando.

Lee Ufan

Lee Ufan est un artiste coréen mondialement reconnu, né en 1936  à Haman-gun dans le sud de la péninsule coréenne. Installé au Japon, il est considéré comme un peintre et sculpteur minimaliste, à la fois artiste et académicien, honoré par le gouvernement du Japon pour avoir « contribué au développement de l’art contemporain au Japon ». L’art de cet artiste est ancré dans une appréciation orientale de la nature des matériaux et aussi dans la phénoménologie européenne moderne. Sa participation aux premiers temps du mouvement artistique Mono-ha, souvent comparé à l’Arte povera, a été déterminante dès 1969.

Lee Ufan cultive un art zen et spirituel. Il est connu notamment pour ses tableaux représentant de grandes touches de peinture qui font vibrer les couleurs, ainsi que pour ses sculptures et installations assemblant matériaux naturels et humains, formes brutes et éléments façonnés.

L’artiste est récemment tombé sous le charme d’Arles. A l’occasion d’un livre chez Actes Sud, il a été exposé au Capitole en 2013, au Château La Coste en 2016 où il a également créé une œuvre permanente, « House of Air ». Récemment, il a participé à la biennale de Lyon, avec une exposition au Couvent de la Tourette de Le Corbusier. Un musée lui est consacré au Japon sur l’île de Naoshima, dessiné par son grand ami architecte Tadao Ando.

Tadao Ando

Né en 1941 à Osaka, Tadao Ando est élevé par sa grand-mère dans un quartier populaire composé de petites maisons en bois. L’architecte sera profondément marqué par cet environnement. Loin d’être un architecte classique, sans formation académique, il s’instruit au gré de ses voyages, à la faveur de rencontres, fait le tour du monde, se heurte aux réalisations de Le Corbusier en même temps qu’il découvre le style des Shakers.

« Sans avoir suivi d’études, sans avoir fréquenté d’école spécialisée, je suis devenu architecte, à force de regarder, d’expérimenter, de ressentir, d’être marqué », raconte lors cet autodidacte. Pour Tadao Ando, « l’architecture n’est pas qu’une question de budget ou de fonctionnalités. Il faut concevoir des choses qui touchent l’âme des gens ».

Il oublie son envie de devenir boxeur, mais garde ses gants rouges bien visibles dans son immense bureau-bibliothèque d’Osaka.

Son nom appelle tout de suite des images : le béton armé gris, la lumière, le vent, les figures géométriques entrelacées. Le béton, que l’on oppose souvent à la nature, « symbolise l’époque moderne. Tout le monde peut s’en procurer partout, aux États-Unis, en France, en Allemagne, en Angleterre… C’est avec ce matériau accessible à tous que j’ai voulu concevoir une architecture comme personne », explique-t-il. Comment ? « En restreignant volontairement la liberté infinie qu’offre ce matériau ». Rien de farfelu dans ses créations : tout découle de formes somme toute simples, comme en témoigne le Théâtre de Shanghaï, rectangulaire, percé de grands puits de lumière, en façade, au-dessus.

« Mon objectif n’est pas la liberté des formes. Je me suis toujours efforcé de concevoir des architectures calmes qui procurent la simple satisfaction d’y vivre ».

Et de préciser : « l’architecture est un être vivant, un être mouvant. La lumière peut y entrer par-dessus ou par dessous, elle peut être directe ou reflétée. La lumière donne du mouvement à l’architecture, lui insuffle la vie ».

Art et Architecture

La fondation de Lee UFAN s’installera près des arènes dans l’hôtel particulier de la rue de Vernon ayant abrité les antiquaires Dervieux, et sera réaménagé par Tadao Ando. Ce projet de réaménagement sera piloté par Michel Enrici, critique, commissaire et historien de l’art. Ancien directeur de la fondation Maeght, il est aujourd’hui administrateur de la fondation Van Gogh Arles. Pour l’heure, le projet est mené dans la discrétion, le permis de travaux à revoir et aucune date n’est officiellement annoncée pour l’ouverture au public.

L’architecte japonais est déjà fortement impliqué dans l’intégration de l’art aux architectures avec notamment le Lee Ufan Museum et plus récemment le travail en cours de réaménagement de la bourse du travail à Paris pour le compte de la fondation François Pinault au service duquel il a aussi signé le réaménagement du Palazzo Grassi et de la pointe de la Douane à Venise.

Plus proche d’Arles, au Puy-Sainte-Réparade sur les hauteurs d’Aix-en-Provence, son travail, tout en épure, est visible au château La Coste avec l’aménagement du site du château pour son propriétaire Patrick McKillen, collectionneur d’art contemporain irlandais. Tadao Ando y a conçu le Centre d’Art. Le bâtiment reflète de nombreux éléments typiques du maître japonais, créant une expérience extraordinaire de lumière et d’espace dans la nature.

Sur le point culminant du domaine viticole et artistique du château, les ruines de la chapelle Saint-Gilles ont subi une métamorphose très réussie.

DOCUMENTATION

Lee Ufan – PLASTICIEN

Actes Sud – Beaux Arts – Hors Collection

Juin, 2013 / 28,0 x 30,0 / 288 pages , traduit du japonais par : Sandra REID.

Cette monographie originale, la première publiée en français, rassemble une iconographie complète de l’oeuvre de Lee Ufan et des documents illustratifs de sa biographie. Un entretien exclusif avec Michel Enrici lève pour la première fois le voile sur une enfance et une destinée qui ont conduit l’artiste d’un particularisme culturel à l’universalité, en même temps qu’il éclaire sur ses positions morales, intellectuelles et esthétiques. Un texte analytique et théorique rassemble l’appareil critique et philosophique qui a accompagné l’œuvre de Lee Ufan pendant quatre décennies.

Tadao Ando – Château La Coste

Actes Sud Beaux Arts – Hors Collection

Avril, 2017 / 24,0 x 30,0 / 232 pages (bilingue)

Coédition Château La Coste, traduit du français-anglais par : Christine PIOT

Cet ouvrage est le récit de l’aventure architecturale qui repose avant tout sur la richesse du dialogue engagé entre Tadao Ando et le château La Coste, site aux multiples facettes. Philip Jodidio commente cette rencontre en s’appuyant sur un foisonnement iconographique incluant les esquisses, les maquettes et les photos des réalisations.