Fondation Arabe pour l’Image |

Studio Fouad, Beyrouth et Van Léo, Le Caire.

Les Rencontres de la Photographie 2016, Arles – Janvier 2017.

La Fondation Arabe pour l’Image (FAI) basée à Beyrouth a été créée en 1996 par un groupe d’artistes – Fouad el-Khoury, Akram Zaatari et Samir Mohdad – en vue de promouvoir la culture photographique du Moyen-Orient et du Maghreb. Il s’agissait aussi de présenter une alternative à la photographie européenne ou américaine pour laquelle les représentations du monde arabe sont souvent construites d’un point de vue orientaliste, connoté. Pour Fouad el-Khoury, « cette pratique archivistique est née du constat que l’histoire « officielle » de la photographie — c’est-à-dire celle qui est écrite, illustrée et transmise à travers les ouvrages de référence — exclut en grande partie les photographies prises dans les pays dits orientaux par des photographes locaux. Ce constat concerne aussi bien les photographies artistiques que les clichés témoignant de la vie quotidienne, et entraîne, sur un autre niveau, une réflexion sur leurs pratiques ainsi que leurs usages politiques ».

Depuis sa création il y a vingt ans, la Fondation arabe pour l’image ne s’est pas seulement agrandie ; elle a aussi changé structurellement. Ces transformations portent sur l’organisation interne des fonds et sur la dynamique des activités de ses membres. Il s’agissait au départ d’une initiative lancée par un petit groupe d’artistes devant l’urgence de rassembler des photographies de la région menacées de disparition ; l’activité des membres de la fondation consistait en un long travail de recherche d’archives oubliées, de photographes locaux ou de collections familiales.

Avec le temps et depuis quelques années, certaines grandes familles du Moyen Orient ainsi que des collectionneurs se tournent vers la Fondation pour faire don de leurs images et archives. Le fonds comprend aujourd’hui plus de 300.000 clichés : de l’instantané anonyme de la vie en Palestine des années 20 aux portraits expérimentaux réalisés par des photographes de studio arméno égyptiens, la collection témoigne de la rue arabe du vingtième siècle. Les photos sont choisies pour leur valeur artistique plutôt qu’historique, avec une attention égale portée sur le travail amateur et professionnel. Il s’agit aujourd’hui d’organiser des expositions itinérantes, de publier et mettre en valeur le témoignage remarquable de la collection, comme l’exposition présentée cet été à Arles : deux collections provenant de photographes de studio – Van-Leo au Caire et Adib Ghorab à Beyrouth -, et présentées à travers une sélection de portraits réalisés en studio et colorisés à la main.

STUDIO FOUAD
Nés à Jaffa, Adib et Fouad Bendali Ghorab quittèrent la Palestine en 1948 pour s’installer au Liban, où ils furent formés à la photographie par leur oncle. Quelques mois plus tard, ils louaient un petit studio de photographie dans le centre de Beyrouth. En 1954, ils devinrent les photographes officiels de la loge maçonnique d’Orient et ouvrirent un studio plus important à Accaoui connu sous le nom de Studio Fouad. Au fil des ans, ils acquirent une solide réputation grâce à leurs portraits colorisés à la main. Dans un entretien accordé un an avant sa mort en 1996, Fouad expliquait ainsi sa démarche : « Le travail du photographe consiste à maîtriser la lumière et à savoir comment la réfléchir. Je me concentre sur les principaux traits du visage, comme les yeux et la bouche, qui sont les éléments déterminants de la beauté d’un visage. Puis je travaille sur les détails propres au visage du modèle et j’ajuste l’éclairage en conséquence. »

VAN-LEO
Né en 1921 à Ceyhan, en Turquie, Levon Boyadjian a émigré avec sa famille au- Caire en 1924. En plus d’un demi-siècle, Van-Leo a réalisé des milliers de portraits de clients, d’amis et de connaissances. Son premier studio, ouvert avec son frère Angelo dans le salon de la maison familiale, réalisait le portrait des artistes de music-hall du Caire durant la Seconde Guerre mondiale. Lorsque les deux frères se séparèrent en 1947, Van-Leo emménagea un peu plus loin dans la rue, dans l’ancien Studio Metro qu’il renommera par la suite « Van-Leo : photographe d’art ». C’est là qu’il se consacra à la pratique qui allait faire sa réputation. Certains de ces portraits – comme ceux du chanteur Farid El Atrache se prélassant dans son appartement raffiné ou de la célèbre actrice Sherihane habillée en cowgirl – ont été délicatement colorisés à la main. Si Van-Leo a toujours nié avoir eu recours à des assistants, l’ambiguïté persiste, certains affirmant qu’il sous-traitait la colorisation de ses photographies. Plusieurs noms ont été évoqués mais, à l’image d’une grande partie de sa vie et de son travail, l’essentiel reste masqué par une glorieuse ambiguïté.
Membres de la Fondation arabe pour l’image, Karl Bassil et Negar Azimi travaillent actuellement à un projet de livre et d’exposition sur la vie et l’oeuvre du photographe.

Fondation Arabe pour l’Image
Zoghbi building, 4th floor
337, Gouraud Street – Gemmayzeh, BEYROUTH
Email: info@fai.org.lb
Site Internet: www.fai.org.lb